Quel jardinier êtes-vous ?
Morgane Boëm, vertbobo, créatrice de contenus sur les plantes
Blog, vlog, Instagram, YouTube, Morgane crée du contenu sur les plantes sous toutes ses formes via son pseudo vertbobo ! Entre elle, ses plantes et son potager urbain, il s’agit de prendre le temps, de se connaître, de s’apprivoiser, de trouver ce qu’il y a de mieux pour les plantes qu’elle accueille chez elle. Morgane cultive sa passion du jardinage à Montpellier dans son appartement et sur sa terrasse de 10m2 et partage tout cela sur ses réseaux ! D’abord sur son blog qui lui a permis d’allier son métier initial de photographe professionnelle à l'écriture, puis sur ses comptes Instagram et Youtube sur lesquels elle partage ses conseils et astuces sur les plantes et interagit avec sa communauté. C’est grâce aux réseaux qu’elle est passé pendant un temps de l’organisation de ventes de plantes à la vente de plantes directement. Aujourd’hui elle se consacre pleinement à sa passion. Entretien avec une jeune femme qui se définit comme plant addict !
GARDENA - Quel est ton geste de jardinage durable ?
Morgane Boëm @vertbobo – Le premier geste qui me vient à l’esprit, c'est de m’être mise au compost. J'ai un lombricompost sur mon potager depuis environ deux ans, c'était une volonté de ma part, aujourd'hui, c’est obligatoire. Quand j'ai découvert le compostage, je me suis dit : « Mais pourquoi on ne l’a pas fait plus tôt ? Et pourquoi ça a mis si longtemps à arriver dans les municipalités ? » Surtout que tous ceux qui vivent à la campagne pratiquent le compostage depuis longtemps. Quand tu deviens urbain, tu es privé de ce genre d'astuces logiques qui permettent de ne pas gaspiller les denrées alimentaires et de pouvoir les réutiliser au jardin. J'ai testé deux sortes de compostage. Le lombricompostage que j’utilise à l'année. C’est un composteur dans lequel je mets toutes les épluchures de fruits et légumes réduites en petits morceaux. Ce sont les lombrics, les petits vers qui vivent à l'intérieur, qui vont s’en nourrir, une fois tous les déchets décomposés. Le compost que l’on va recueillir, ce sont leurs déjections... Et en été, je mets en place le bokashi. C'est un contenant en plastique plus gros dans lequel je dépose des couches de déchets végétaux en alternance avec des graines fermentées. Elles sentent très fort... Mais l’avantage c'est que je ne suis pas obligée de réduire les déchets en petits morceaux. Je peux mettre beaucoup d’épluchures, ou par exemple directement une tomate du potager qui est « moche » et dont je n’ai pu manger que la moitié. Ce qui ressort du bokashi et du lombricompost n’a rien à voir. Avec le lombricompost, j’obtiens un compost en petite terre. Avec le bokashi, c’est un liquide très concentré.
GARDENA – As-tu un outil de jardinage préféré ?
Morgane Boëm @vertbobo – Alors c'est rigolo parce que j’ai vraiment pleins d’outils à disposition, mais je ne sais pas pourquoi, à chaque fois j’en reviens toujours à utiliser mes mains. Et mes mains sans gants… En tout cas pour mes plantes d’intérieur. J'aime bien, je trouve que c'est plus rapide, j’ai plus de sensations. Quand je dois évaluer si les racines d’une plante que je rempote sont sèches ou molles par exemple. Alors bien sûr, quand on jardine on se lave les mains avant et après. Pour le potager, j'utilise un plantoir. Je l’ai depuis que j'ai commencé à jardiner, c'est mon outil favori ! Le plantoir, c’est très pratique quand on veut mettre des petits plants en terre, avec des mottes de 10 par 4 cm, parce que cela fait un trou parfaitement droit et on peut écarter la terre facilement.
GARDENA – Y a t-il un outil de jardin qui n’existe pas et que tu aimerais inventer ?
Morgane Boëm @vertbobo – Alors j'ai réfléchi, ce serait de mettre en place un récupérateur d'eau pour les usagers des immeubles. À Lyon, j'étais presque au dernier étage et la pluie tombait sur mon balcon. Du coup, je pouvais faire des réserves d'eau. Là, à Montpellier, je suis moins haut dans les étages, mon balcon est couvert et je bénéficie donc plus de l’eau de pluie pour mes plantes extérieures. C'est vraiment un manque ! La pluie se déverse dans les égouts. Je pourrais la récupérer en bas de l'immeuble, mais je me vois mal installer des sceaux et les remonter au troisième étage… Ce serait vraiment bien qu’il y ait des récupérateurs d'eau pour chaque barre d'immeubles et éventuellement que l’on puisse pomper l'eau de pluie pour pouvoir l’utiliser sur son balcon.
GARDENA – tu as un petit potager sur ton balcon, mais si tu pouvais avoir un espace de rêve pour cultiver en zone urbaine, il ressemblerait à quoi ?
© Photos Morgane Boëm
Morgane Boëm @vertbobo – On pourrait penser que j'ai envie d’un cottage avec 200 m2 de terrain, mais en fait pas vraiment. Ce que j'aimerais, c'est une petite maison de ville avec un petit jardin. J'ai l'image du petit jardin de ville de mes grands-parents où j’observais mon grand-père dans le potager, ma grand-mère couper des fleurs pour ma mère. J'ai toujours baigné dans un endroit où le potager et le jardinage étaient importants. Et chez moi, toute la famille a des plantes ! Dans ce petit jardin, il y avait beaucoup de béton, avec des parcelles bien divisées, une pour le potager, une pour les arbres fruitiers et une où il y avait quelques arbres, des arbustes et des fleurs. Je trouve parfait d'avoir un petit jardin dans lequel il y a plusieurs endroits dédiés à une culture, pour scinder les activités en fonction des saisons. Je rêve d’un jardin organisé où chaque espace a une vraie utilité avec une optimisation des terres et des sols. Faire des plantations au potager sur une parcelle, laisser une parcelle en friches pour les insectes avec des arbustes et des fleurs. Je pense que 100 m² me suffiraient, avec des petits chemins qui permettent de se déplacer pour aller faire mon jardin. Quand tu es urbain, c’est frustrant, parce que tu pourrais avoir des arbres magnifiques si tu avais un jardin. Non, là mes plantes sont en pots, elles sont bloquées et en plus elles dépendent de moi !
GARDENA – Peux-tu nous donner ton conseil de jardinage incontournable ? Comme tu cultives en intérieur et en extérieur, peut être un conseil pour chaque zone ?
© Photos Morgane Boëm
Morgane Boëm @vertbobo – Alors mon conseil de jardinier N°1 c’est de ne jamais planter dans un pot qui n'est pas troué, que ce soit en intérieur ou en extérieur. Il y a encore des gens qui font cela parce qu’ils ne savent pas et achètent une plante dans un cache pot, sans regarder le dessous. Dans un pot sans trous, les racines ne peuvent pas sortir pour se développer ou pour fuir l'eau accumulée dans le fond. C'est la porte ouverte aux maladies à cause de la stagnation d'humidité. Donc toujours un pot troué, et si ce n’est pas le cas quand tu achètes en magasin, tu rempotes la plante. Ensuite, pour l'extérieur, je dirais que le plus important, c'est de connaître son exposition et son environnement. De ne pas faire l'erreur de vouloir se faire plaisir à tout prix avec une plante qu'on adore mais qui ne fonctionnera pas du tout avec l’exposition qu’on a. Avec le réchauffement climatique, on est obligé de faire attention aux placements des plantes, parce que si on est plein sud et sans ombre du tout, on peut être vraiment déçu. Si ton rêve est d’avoir un hibiscus par exemple, sache qu’un hibiscus en plein soleil toute la journée, ça ne marche pas ! Il faut donc savoir choisir des plantes parce qu'elles vont être bien à l’endroit où on vit. C'est un peu dur mais le plus important est d’avoir une belle plante qui nous rend joyeux chaque jour parce qu'elle se sent bien. Les plantes d'intérieur, elles, sont nombreuses à bien s'acclimater. Les variétés comme les Monstera, les Pothos ou les Zamioculcas sont des plantes très costaudes et qui se plaisent partout. Si on ne connaît pas bien sa lumière en été et en hiver, parce qu’on vient d'emménager par exemple, il ne faut pas hésiter à aller vers ces plantes qui sont universelles et vont se plaire dans tous types d'environnements.
GARDENA – Il y a une plante en particulier qui te tient à cœur ?
© Photos Morgane Boëm
Morgane Boëm @vertbobo – Oui, j’entretiens une relation particulière avec mon Pilea Peperomioides. Il est très emblématique pour moi parce que je l’ai depuis au moins 7 ans, c’est l’une de mes plus vieilles plantes. On l'appelle aussi plante à monnaie chinoise. C’est un porte chance, paraît-il... Je ne sais pas comment, mais on s’est bien entendus. Au début, quand je me suis lancée sur les réseaux sociaux, j’ai partagé des photos de lui et beaucoup de gens m’ont demandé des conseils sur son entretien. Il ne faisait alors que 60 cm environ. Il a énormément poussé depuis, mais, entre-temps, j’ai déménagé et mon Pilea a eu la tête coupée ! Je l'ai bouturé, je l'ai remis en eau, puis je l'ai replanté et aujourd’hui, c'est exactement le même qu’avant, sauf qu’il a rétréci parce que son tronc a été coupé en deux. En fait, j'ai appris à le connaître, je sais ce qu'il aime, ce qu'il veut. Avec mes plantes en général, je fais beaucoup de boutures, j’ai pu en sauver pleins de cette manière, et j’ai beaucoup de bébés, c’est un peu ma fierté ! J'aime bien bouturer en eau plutôt qu’en terre, dans un bocal transparent, parce qu’on peut voir comment ça se passe au niveau du système racinaire, suivre l'évolution, à quel endroit ça prend sur la plante. Car toutes les plantes ne se bouturent pas de la même façon et les départs de racines ne se font pas du même endroit. Il y en a une, le Zamioculcas, qui part de rhizomes, une petite boule blanche se forme à la base de la tige dont on va suivre la croissance. En fait, j’ai tendance à encourager les gens à se dire que la main verte ça n'existe pas ! Qu’il ne faut pas hésiter à se lancer et à tester avec les plantes qu'on aime pour voir comment ça se passe. Le but n’est pas d’en avoir beaucoup, mais d’avoir celles qui nous plaisent et qui nous apportent du bonheur au quotidien.
GARDENA – Un dernier conseil pour bien décorer et organiser son intérieur avec des plantes ?
Morgane Boëm @vertbobo – Au début, je collectionnais les plantes, j'aimais les accumuler dans un même espace. Aujourd'hui, je fais beaucoup plus attention à ma consommation. J'ai des étagères sur lesquelles il n’y a que des plantes, mais j'aime aussi créer des espaces qui mixent les livres et les plantes. Je crée différents niveaux, avec différentes tailles et couleurs de pots. Mes couleurs vont vers le blanc, le beige, le marron. Avec la couleur terracotta des pots et le vert des plantes, ça marche très bien ! Pour toutes les plantes volumineuses, j'ai mis en place des piédestaux de hauteurs différentes et j'adore ! Ça met davantage les plantes en valeur et crée des étages qui organisent l’espace.
Pour découvrir l’univers végétal de Margane, vertbobo : Son blog, Sa chaîne YouTube avec une playlist sur le bouturage notamment, son compte Instagram.
